Sens & travail
Qu'est-ce que le sens ?
- La signification du travail, sa valeur, la représentation qu’elle a pour vous et comment cela résonne dans votre identité.
- La direction de vie
- L’effet de cohérence entre vous et le travail
Le Sens est subjectif par définition, il est propre à chaque personne.
La création de sens est un processus organique qui émerge d’elle-même, elle ne se force pas et doit émerger toute seule.
Les caractéristiques d'un travail qui a du sens (Morin, 2008)
Il faut distinguer le sens DU travail ( le sens impulsé dans l’objet du travail) et le sens AU travail (le sens auquel donne lieu l’effet de relation au travail)
Le sens DU travail
- Utilité sociale du travail
- Autonomie au travail
- Apprendre et se développer
Le sens AU travail
- Alignement moral et de valeurs
- Qualité de la relation avec les collègues
- Qualité de la relation avec les supérieurs
Les étapes de la création de sens
Identifiez vos valeurs, vos croyances.
Explorez comment elles se sont développées dans votre histoire et comment elles ont construit vos choix.
Soutenez la recherche continue de buts et d’épanouissement, malgré les obstacles.
Faciliter la compréhension de l’impact des évènements sur votre recherche de sens.
Il est important de contextualiser vos valeurs car cela participe à la définition du sens que vous portez à vos actions et à vos choix.
Le sens : Une responsabilisation à la création existentielle
Dans un monde en constante évolution, l’un des défis majeurs que nous rencontrons en tant qu’êtres humains est de trouver du sens à notre existence. Que ce soit face à un changement de vie majeur, une crise de sens ou simplement dans la quête quotidienne de direction, la recherche de sens devient un pilier central de notre bien-être. Mais qu’est-ce que le sens, et comment le créons-nous ?
Cet article explore comment la recherche de sens, lorsqu’elle est comprise sous l’angle de la responsabilisation, devient un outil puissant pour donner direction et cohérence à notre existence, en particulier dans les périodes de transition. Nous aborderons les apports de la logothérapie de Viktor Frankl, qui propose une vision de la souffrance et du vide existentiel comme points d’entrée vers la construction de sens, ainsi que la réflexion d’Alain Delourme sur le rapport au temps, qui met en lumière l’importance d’une attention pleine et d’une présence active face à l’incertitude de la vie.
La Recherche de Sens : Une Quête Existentielle
Le philosophe et sociologue Michel Boutinet définit le sens comme la quête de sagesse et de repères qui oriente l’existence humaine, notamment lors des grandes étapes de vie. Lorsqu’un individu se retrouve en perte de repères, plongé dans le vide et l’incertitude, la question du sens devient cruciale. En d’autres termes, le sens se pose lorsque le chemin de vie semble flou, que l’on se trouve dans un état de transition, souvent ressenti comme un chaos intérieur. Comment dans ces moments d’incertitude et de désorientation, pouvons-nous trouver un moyen de re-créer un sens, de redonner direction et objectif à notre vie ?
Dans ce contexte mouvant, nous nous intéressons particulièrement à la manière dont le sens émerge, se construit et se responsabilise à travers deux perspectives complémentaires : la logothérapie de Viktor Frankl et la réflexion sur le temps d’Alain Delourme.
Viktor Frankl et le Vide Existentiel
La logothérapie, développée par Viktor Frankl après ses expériences dans les camps de concentration durant la Seconde Guerre mondiale, repose sur l’idée que la quête de sens est l’une des motivations profondes de l’être humain. Selon Frankl, les individus qui se trouvent privés de sens dans leur vie, notamment en période de crise ou de transition, sont plus susceptibles de ressentir un vide existentiel – une forme de névrose de l’esprit. Ce vide peut se traduire par de la frustration, de l’ennui ou de l’angoisse, et dans des cas extrêmes, par la dépression ou le suicide.
Frankl va au-delà du simple vide émotionnel et identifie un manque de but dans la vie comme étant à l’origine de ce mal-être. Selon lui, l’évolution de la société a « privé » l’être humain de repères traditionnels ou spirituels, et ce dernier se retrouve ainsi dérouté, sans guide. Il peut alors être tenté de combler ce vide en cherchant des substituts immédiats de sens, tels que le plaisir ou le pouvoir. Cependant, ces substituts, bien qu’ils offrent un soulagement temporaire, ne répondent pas à la véritable quête de sens.
La logothérapie de Frankl repose sur trois grands principes :
La liberté de la volonté, c’est-à-dire la capacité de l’individu à choisir son attitude face aux événements de la vie, même dans la souffrance.
La volonté de sens, qui désigne la recherche active de sens et de but dans la vie.
Le sens de la vie, qui est personnel et unique, et qui se trouve dans l’accomplissement de ses valeurs et dans les expériences vécues.
Le Vide Existentiel : Un Espace de Création
Pour Frankl, ce vide n’est pas seulement une malédiction, mais une opportunité de transformation. Contrairement à l’approche psychanalytique de Freud, qui soulignait l’importance de la recherche du plaisir, ou celle d’Adler, centrée sur la volonté de pouvoir, Frankl propose une réorientation vers le sens. Pour lui, le vide existentiel offre à l’individu une chance de se dépasser, de transcender ses limites et de donner une signification à sa souffrance et à ses défis.
Frankl affirme que la souffrance, loin d’être une fatalité, peut devenir un vecteur de sens, à condition que l’individu accepte de l’affronter et de l’intégrer dans sa quête existentielle. Il écrit :
La manière dont l’homme portera sa souffrance inévitable renferme une possibilité de signification de l’existence (Frankl, 1970).
Alain Delourme : L’Heure de la Main Vide
Le philosophe et psychothérapeute Alain Delourme complète cette réflexion sur le sens par une approche plus dynamique de la construction du sens dans le cadre d’un projet de vie. Dans son ouvrage « L’heure de la main vide » (2006), il propose une réflexion sur l’art de vivre dans l’incertitude et sur l’importance du temps dans le processus de création de sens.
Delourme évoque la notion de « main vide », qui symbolise le moment où l’individu est confronté à l’incertitude, au vide de l’existence, sans savoir où aller ni comment avancer. Cela représente le moment de transition où il faut faire face à l’angoisse de l’inconnu et accepter de lâcher prise, en permettant à la vie de se déployer sans chercher à la contrôler. Dans cet espace-temps, il faut savoir être à l’écoute de soi-même et accepter de se perdre pour mieux se retrouver.
Delourme écrit :
Quand on s’interroge sur sa vie, on fait une pause pour relancer une quête, on effectue un arrêt pour stimuler le mouvement, on crée une halte pour modifier le voyage (Delourme, 2006).
Cette réflexion rejoint celle de Frankl, qui souligne que l’absence de sens est une opportunité pour réfléchir et réorienter son existence.
Temps, Présence et Sens : Le Moteur de la Création
Delourme insiste sur l’importance de l’intégration des temporalités (passé, présent, futur) pour permettre la création de sens. Pour lui, le présent n’est pas une simple articulation chronologique, mais un moment d’ouverture et de présence au monde. Habiter le présent est une clé essentielle pour intégrer les différentes temporalités et éviter de se laisser submerger par l’anxiété liée au passé ou à l’avenir.
Le processus de création de sens se trouve dans cette capacité à naviguer entre le passé, le présent et le futur, tout en étant pleinement présent à ce que l’on vit, tout en accueillant les incertitudes.
Comme le dit Delourme :
Le sens se crée dans la navigation entre les polarités de l’arrêt et du mouvement.
Conclusion : Responsabiliser l’Individu dans sa Recherche de Sens
Le vide existentiel, loin d’être un simple néant, est un espace de possibilité et de création. La quête de sens, telle que la conçoivent Frankl et Delourme, repose sur la responsabilité de l’individu dans la création de sa propre existence. Plutôt que de fuir l’incertitude ou de chercher à combler le vide par des solutions superficielles, l’individu peut choisir de s’engager activement dans la construction de son sens. Cela passe par une acceptation des polarités, la confrontation à la souffrance, mais aussi la mobilisation de ses valeurs et de ses aspirations profondes.
Dans un monde de plus en plus complexe et mouvant, il est crucial d’adopter une posture active, de se laisser traverser par les transitions sans fuir le chaos, et de faire de cette période de vide une opportunité de réinvention personnelle. La responsabilisation à la construction de sens devient ainsi un chemin pour donner à notre vie la direction qu’elle mérite.